Charles CHULEM-ROUSSEAU

Photographe

 

Il est né dans les années 70 en Guadeloupe.

Lors de sa formation à l’agence de photographes VU, Charles CHULEM-ROUSSEAU croisera Antoine d’AGATA. Cette rencontre va guider sa perception photographique.

Il exerce un regard neuf et affûté. Formé au laboratoire, son objectif recherche les univers qui témoignent de l’insolite, du chaos, du dérisoire dans la vie, de sa fragilité. Des images fortes, des portraits jalonnent son parcours, toujours en quête de la photographie à exposer sur des murs, de musées ou de galeries, comme des tableaux. Son univers onirique, parfois percutant, lui permet de continuer à explorer tout ce que peut véhiculer une image, au-delà de premier regard et au sein d’un monde en pleine crise, en plein déséquilibre. A l’ère du zapping et de l’addiction aux écrans, ces images témoignent d’une réalité palpable, proche de la nature et pourtant déjà en porte-à-faux.

 

En 2009, son exposition « Paroles de sourds » connait un vif succès à travers une série de portraits en noir et blanc.

« Comment expliquer qu’être sourd c’est, être un citoyen à part entière.

Que l’existence d’une véritable culture sourde est intime- ment liée, à la possibilité de s’exprimer en une langue commune.

Ce sont de véritables langues visuelles et pas de simples traductions de langues orales en gestes. Elles ont leur propre syntaxe. La langue des signes développe énormément le champ visuel puisque c’est une langue spatiale. La sensibilité sourde se caractérise par un hyper développement visuel. Quand on est sourd, on développe une autre conscience du corps. C’est le corps qui sent les choses. La langue des signes est une langue expressive. Quand il parle, un sourd doit rejouer la scène, l’expérience qu’il a vécu, jouer tous les rôles, exprimer le vécu « physiquement », contrairement à la culture entendante. »

 

L’exposition ‘ Mi Mas ’ répond à la volonté du photographe Charles CHULEM ROUSSEAU de faire connaître une des spécificités du carnaval guadeloupéen et par là-même la richesse de la culture et du patrimoine de ce territoire.

 

Par cette exposition, par l’édition d’un beau livre et par des rencontres avec le public, il espère permettre la découverte de cette part de la culture Guadeloupéenne.

 

« En Guadeloupe, le carnaval comporte une donnée très importante, le «Mas a pô», particularité issue de la révolution culturelle dans l’archipel. Une prise de conscience est passée par là, les événements de 1967, de 1985, mouvements ouvriers et indépendantistes réprimés dans le sang avec 87 morts et le travail revendicatif de certains mouvements culturels tels AKYIO et VOUKOUM ont aussi modifié ce carnaval : moins de chars et de caisses claires, plus de tambours à peau, de ka. Le ka, sauvé de la tradition, mixé avec des rites païens et l’art du masque est devenu bien plus qu’un instrument, il se veut emblème spirituel du pays... »

 

Nathalie Hainaut